Bye Bye Belgium

24 octobre 2024 par
Clément

Bye Bye Belgium

Après 3 semaines d’efforts, le BAVET National a livré tous ses secrets. Une saga tactique, sportive et collective où les retournements de situation n’ont rien à envier aux scénarios des meilleures séries télé américaines. De Werchter à Nethen, les coureurs se sont livrés une bataille de tous les instants, sur chaque centimètre des segments pour un suspense haletant tout au long du National Show. Récit d’une réalité cycliste belge qui a dépassé la fiction.

Secret Story

Petit nouveau sur la chaîne BCF, le Jeu des Ravitos ouvrait le bal du National. Attirés par cemêmes points bleus, c’est sous le soleil et éblouis pareil que des centaines de coureurs se sont fixés rendez-vous pour une version revisitée de Pékin Express.

Mais attention de ne pas confondre vitesse et … précipitation. Un adage dont plusieurs cadors du peloton auraient mieux fait de se rappeler. Plus habitués à faire travailler les cuisses qu’à jouer avec des chiffres et des lettres sur le vélo, nombreux se plantent (parfois lamentablement) sur des questions visiblement pas faites pour des Champions. Rappelons par exemple, l’opération « Ninja » lancée par les deux leaders de la K7. Partis à contresens sur l’autoroute, ils foncent et esquivent les coureurs venus d’en face avec plus d’agilité que Samy Naceri dans son taxi. Surs de leur coup, Asselberghs et Chevalier lèvent les bras au moment d’envoyer la dernière réponse de l’enquête. Mais si leur moyenne de 34,5km/h aurait fière allure sur une classique, la note du Jeu des ravitos est jugée insuffisante (5/7). La partie était même déjà perdue au kilomètre zéro puisque les deux comparses se trompent dès le secret du ‘t Klein Verzet. En bref, 100km de perdus, zéro segments validés et un retour à envisager sur les bancs de l’école primaire.

Le piège absolu. À la question du ravito « Si tout était fait de métal, quelle heure serait-il ?« , Chevalier et Asselberghs répondent … 5h57. Ne pas confondre vitesse et …

Mais le duo n’est pas le seul à succomber dès l’épreuve de l’orientation. Parmi les busés, on retrouve Hendrix (Fahrbar) ou encore Alex Jardon (Renowindow) qui perd après avoir opté pour le « 50-50 » sur le secret du Val Fleuri, fermé lors de son passage. En Continental, Pigeolet (GO Font Duvel’O) buzze trop vite et envoie un formulaire incomplet sur une erreur de télécommande.

Clarisse Van Belleghem (8L, maillot bleu 2022) est la seule favorite à tenir son rang. En Women Pro Tour, elle est la première femme à rassembler les 7 boules de cristal et entre déjà en fusion avec sa tenue bleue préférée. En Continental, tout est bien qui finit bien. Jérémie Renard met de l’ordre dans le bois de Quat’sous et rapporte les premiers points à sa néo-formation (Jumbro’ Vismousse). En Pro Tour, à défaut de victoire et de maillots, la Renowindow commence à remplir son étagère de titres honorifiques. Après le trophée Michel Sabourin sur le Tour 2022, Justin Foguenne remet le couvert et résout toutes les énigmes du père Fouras, bien aidé par son joker de l’appel au public (support technique de certains coureurs Reno’ opérant en tant que « tour de contrôle »).

Games of KOMs

Dès le début de cette 4e saison, c’est probablement sur les segments que la bataille fait le plus de ravages parmi les grandes familles du royaume BCF. Au nord, la guerre avec les envahisseurs est frontale tandis qu’un hiver sans fin fait régner le vent sur les sprints et les marcheurs blancs sur les secteurs strade bianche. Au sud, l’assaut se déroule sur les collines de Beverlijse Hills. Des segments grimpeurs qui, tour à tour, brisent le coeur de leur ancien amant. Pour finalement s’offrir pleinement à celui ou celle qui saura l’aborder sous son meilleur virage.


À ce petit jeu, les serial-lovers se nomment Morgane de Halleux (Tuesday Hiboo), Jéremy Chevalier (K7) et Olivier Pigeolet (GO Font Duvel’O). Ils repartent avec le Combiné, tandis que les Gambardella (Sterke Renmans), Lucarain (CCC Team Beryl), Van Elmbt (Smip), Hendrix (Fahrbar) ou Carette (DFF) peuvent déjà rejoindre la Villa des coeurs brisés.

Stavelott

Forteresse imprenable pour un cycliste lambda, la petite ville de Stavelot s’est pourtant retrouvée assiégée durant les derniers instants du National. Avec des pourcentages d’élévation plus agressifs que les chroniqueurs de Touche pas à mon Poste, la région a été passée au crible par les candidats au défi D+ (le + de dénivelé positif sur une activité de max 50km en Belgique).

Pour ce défi qui se gagne autant dans les jambes que derrière son ordinateur, Chevalier est persuadé d’avoir dessiné « la trace parfaite ». Sur son étalon Scott, il galope vers la Côte de Stockeu avec dans son sillage bon nombre de concurrents. Pourtant les signes du Zodiac n’était pas avec le chevalier vert ce mois-ci. Maladroit lors de l’upload Strava, la trace ressort sur les réseaux sociaux par l’intermédiaire de la formation Wyfibox, toujours très connectée. C’est déjà la deuxième bourde de Chevalier durant ce National !

Mais le peloton n’avait pas attendu l’arrivée d’un chevalier charmant pour envahir le pays. Depuis le début du National, on fait la file pour la selfie devant la stèle du cannibale. La petite ville de Sta-vélot n’aura donc jamais aussi bien porté son nom. Capitale du vélo et des cuisses qui brulent.

Big Fish

Avec des points bleus en jeu et une distribution à tous les coureurs de l’équipe, le défi Endurance a explosé les records d’audience cette année. Et peut-être aussi ses propres limites ?

Première équipe à se lancer dans l’aventure, Duvel Cycling (Continental) donne le ton d’une endurance complètement folle. 3300km à jouer à La roue de la fortune autour du rond-point de l’observatoire. Les leaders Alexandre et Melin y dépasseront même la barre symbolique des 400km (350 tours). Un coup de folie ou de génie, qui en appelle d’autres. Une semaine plus tard, la formation Smip-Café Bastoche envoie ses meilleurs éléments sur la piste du vélodrome de Rochefort. Un jour sans fin qui fera date dans l’histoire BCF. En franchissant la barre des 500km en une journée, Mathieu Botta et Philippe Colson y deviennent les premiers coureurs à intégrer le Club des 500. Un défi que ne parviendront pas à réitérer les poissons pilotes de la K7 ou des Sterke Renmans. Les deux formations buttent sur les orages de la vie, le vent et les courbes du vélodrome Giuseppe Bigliani à Affligem.

Pour contrer cette météo trop peu adaptée aux efforts longs que suscite l’endurance, la formation Jumbro’ Vismousse était décidément très inspirée durant ce National. Le dimanche 26 mars, l’équipe se réunit dans les sous-sols d’un … parking au carrefour d’Auderghem. S’il existe de plus beaux endroits pour un premier rendez-vous, celui-ci n’est pas manqué. La néo-formation se fait déjà un nom dans une fédération abasourdie par ce qui est en train de révolutionner le game des télé-réalités. Oubliez Loft Story et enfermez 10 gars dans un parking. On verra ce qu’il se passe !

Mais pour certaines formations plus « classiques », de meeste velodromen zijn bedrog. L’endurance ne se passe dans un bocal, mais bien en ligne. Et cela semble payer puisque les formations Delta Sabena, DFF Cycling, La Dalle, les Go Font Duvel’O et les 2nd Sess occupent les premières places dans leur catégorie. Il en fallait pourtant du courage pour sortir son vélo un dimanche froid et pluvieux, alors que le reste du peloton était déjà branché sur Drucker où les Simpsons, une OMER. à la main.

En Women, pas question de tourner autour du pot. C’est face au vent et à ses responsabilités qu’on avale les kilomètres. Avec la même rage que Xena la guerrière, le peloton nous offre un récital d’effort, de vélo et de passion. Résultat ? Une édition sensationnelle, qui ressortira certainement dans les archives de Pierre Magic Chierna. Neuf formations dépassent la barre des 1500km et battent ainsi le record de l’édition précédente. Historique ! À titre individuel, elles sont même une vingtaine à ouvrir « le Club des 300 Women ». Les coureuses Epilation First en tête se rapprochent d’ailleurs dangereusement des 400. Pour le podium, cela se joue à quelques dizaines de kilomètres entre les écuries Epilation First (2476km), La Flamme (2324km) et 8L (2259km).

Avec 2476km, les Epilation First Women remportent l’Endurance.

Si pour certains formations l’Endurance a l’apparence d’un Very Bad Trip qu’on préfère zapper. C’est ailleurs qu’il faut chercher son sens. Bien plus que des points, il ne reste qu’une seule chose à l’issu des milliers de kilomètres avalés. Un bloc équipe, compact soudé, prêt à vaincre toutes les intempéries et difficultés de la saison. Et cela risque de faire la différence !

The Crown

A force de suivre les multiples rebondissements de cette vélo-réalité, on en oublierait presqu’au bout du compte c’est le titre de Champion de Belgique qui était en jeu. Désormais, et durant toute la saison, la tenue tricolore sera portée part le/la coureur/se au sein de chaque peloton qui aura récolté le plus de points sur tous les défis du National.

Chez les femmes, c’est au bout du suspense et avec … 6 petits points d’avance que Clarisse Van Belleghem (8L, 486 points) coiffe la couronne à Morgane de Halleux (Tuesday Hiboo, 480 points). Juliette Lucarain (CCC Team Beryl), championne en titre, occupe la troisième marche d’un podium qui a fière allure !

En Continental, Olivier Pigeolet avait un set, et surtout quelques synchronisations d’avance sur ses concurrents (469 points). Si on peut regretter l’apparition de certaines sorties cachées dans les dernières heures du National, comme un mauvais remake de la série flamande Undercover, Pigeo’ a fait le job ! Le jeune papa a aussi pu compter sur un collectif sans maillon faible pour récolter le maximum de points bleus. Il devance Gambardella (Sterke Renmans, 368 points) qui monte d’un cran après sa 3e place au National 2022. Vous connaissez la suite ? Attention à la marche monsieur Gambardella ! Thibault Melin (Duvel Cycling) complète le tiercé, juste devant La Nouvelle Star Aurélien Champion (135W).

Enfin en Pro Tour, Chevalier (K7) gagne son pari malgré ses deux bourdes (Jeu des Ravito et sortie D+ publique). Il est talonné jusqu’au bout par Olivier van Elmbt (Smip Café – Bastoche) et son lieutenant de luxe, Paul Asselberghs (K7).

Les Flamoutchs à Mykonos

Un cran en dessous, les télévisions et gazettes locales se sont régalées avec l’apparition des titres de champions régionaux. Au nord, c’est sur le secteur de Lovenjoel que se disputait le titre de Lion des Flandres. Si le nom du secteur fait d’avantage pensé à un feuilleton amoureux de seconde zone qu’à du vélo, ce n’est certainement pas en seconde zone que les Kampioenen ont du pédaler pour l’emporter.

Emmené en première classe du Hendrix Express, Louis Jadoul (Fahrbar) déboule toute sa puissance et repart avec le trophée Pro Tour. En continental, c’était le Big Dil autour de la performance sensationnelle de Nic Caremelo (AIS-Erpicum). Mais malgré les suspicions de certains, ce n’est pas la voiture qui se trouvait derrière le rideau. Mais bien un superbe vélo, monté sur trois poumons et des cuisses en béton. Côté femme, Astrid Lahousse (WOW) rugit comme une championne après un relais parfait en 4 à la suite de son équipe, qui repart avec la collection Lahousse complète.

De l’autre côté de la frontière linguistique, la Planche de Nethen était le centre de toutes les convoitises. Au sud, comme dans plus belle la vie, c’est au Mistral que tout se décide. Favorable par deux reprises (le premier et le dernier soir), le vent a choisi son Coq wallon. Bien encadré par les frères Spoel, Oscar Coppée (Camber-Krëfel) convertit les 3 points le premier jour du National. En Continental, Debortoli (Nénu) attendra les derniers instants pour s’illustrer et placer, logiquement, un italo-belge sur le toît de la Wallonie. Et puisqu’un bon téléfilm n’existe pas sans histoire d’amour, c’est Astrid Adam (Jeannekes – Brussels Unchained) qui sera chargée de représenter la Wallonie au conseil de la réunification. Et cela tombe plutôt bien car son chéri n’est autre que le chef de la tribu des jaunes. Le Lion des Flandres, Louis Jadoul. Roméo et Juliette. Notre pays est sauvé !

Walker Belgium Biker

Ultime suspense du National, l’attribution du prix de la combativité au sein de chaque peloton. Si les 50 points bleus associés n’influenceront pas la distribution du maillot bleu, ils mettent à l’honneur des coureurs dont la persévérance et le courage servent autant d’admiration pour le peloton que les punchlines de Chuck Norris.

Chez les femmes, les mots nous manquent encore pour parler avec admiration des performances individuelles et collectives sur les défis du D+ et l’Endurance. C’est donc finalement dans un autre registre qu’ont décidé de se positionner les commissaires. Dès le départ du National, une coureuse se démarque au sein de la formation Stoemeleuses. Pour sa première épreuve BCF, Aurore « Chouc Route » Waegemans récolte des points en bouclant l’entièreté des segments du parcours et en terminant 4e du Jeu des ravitos. Pourtant la coureuse chute en début d’épreuve et souffre sur le vélo. Pour soutenir son équipe, elle passe au-delà de la douleur. Elle apprend le lendemain que son poignet est foulé et qu’il faudra stopper le vélo un moment. Elle apprend en lisant ces lignes qu’elle repart avec la maillot de Super-Combatif, les 50 points bleus et qu’elle est actuellement 2e au maillot bleu (177, 2 points derrière Van Belleghem).

En Pro Tour, les candidats ne manque pas non plus. Mais depuis l’Endurance de son équipe, tous les regards sont braqués sur Victor Marichal (Renowindow). Blessé au genou, le baroudeur décide d’accompagner son équipe avec un vélo à couché, à la force de ses bras. Un geste qui le propulse en tête des pronostics pour le prix du Combatif. Seulement voilà, les règles sont les règles. Et Marichal n’a pas été au bout de son effort en reliant et répondant à tous les secrets des ravitos. Il est donc non-éligible pour cette récompense. Les commissaires aurait également pu envisager d’attribuer le prix au Community Manager de la nouvelle formation Out of Office. 

Le titre revient cette année à un coureur incarnant à merveille les valeurs de l’effort et de la passion. Très souvent placé, rarement récompensé, il s’est donné à fond pour intégrer le top des segments. 7e temps Moskestraat, 7e Galiberg, 7e Muur van Stenen, 7e du classement à pois. Et bien sûr, les 7 réponses du Ravito. Un chiffre fétiche, qui coïncide avec son émission préférée « 7 à la maison« . Et bien, le révérant Camden peut être fier de Nicolas Berger (La Dalle). NB7 a beau être le 7e meilleur grimpeur du National, il est le premier des Combatif en Pro Tour.

Comme d’habitude chez les Continentaux, la combativité est une religion. Plusieurs candidats auraient ainsi pu repartir avec les honneurs. Matthieu Baudoin (2nd Sess) par exemple, après ses mésaventures du premier weekend (porte-vélo qui se décroche sur l’autoroute) ou le fait qu’il ait mal lu les instructions du D+ en ne s’autorisant aucun demi-tour sur son parcours. Et que dire de Laurent Jalatreppe (Sterke Renmans) ? L’enfant terrible de la pédale a monté sur mesure un nouveau vélo aux couleurs de la Sterke, aussi scintillant que Jean-Michel Zecca avant la présentation de Miss Belgique. On pense aussi aux blessés comme Marin Guiot (Wanty Gobelet) ou Antoine Gavroy (Les Rabobranques).

Le choix du Comité s’est finalement porté sur un lieutenant exemplaire. Surnommé le prix Nobel de la Poisse par ses équipiers, le garçon n’a pas été épargné par les ennuis en collectionnant les crevaisons et problèmes mécaniques à répétition. Il finira l’endurance collective en hypothermie, après 300km d’effort et de pluie. Il était présent sur tous les défis du National, en accompagnant même son leader à Stavelot. Edgar Makanga (Giklets Rodania) a amplement mérité son titre de Combatif.

Mais une fois n’est pas coutume, les commissaires cèdent à la tentation et s’autorisent un petit écart sur l’île du Combatif en attribuant un deuxième prix Continental. Coq wallon jusque dans les derniers instants, le rêve de Bruno Ewbank (Soil Capital) s’est écroulé sur le gong. Ambitieux, le leader des ex-Aloalto s’est également rendu à Stavelot avec la ferme intention de marquer des points (1894m D+). Malheureusement les commissaires ont jugé certains passages de son parcours trop peu adaptés au vélo de route. Désolé monsieur Ewbank, mais les aventuriers de la tribu ont décidé de vous éliminer. Mais si son flambeau est éteint, Bruno braque la banque et repart quand même du National avec un fameux totem d’immunité, le maillot du Combatif !

Grâce à un Jeu des ravitos complété, Ewbank et ses équipiers repartent avec un maillot combatif.

Alerte à Maredsous

Clap de fin pour le première épisode d’une quatrième saison BCF qui commence sur les chapeaux de roues ! La suite de cette saga s’écrira déjà ce samedi avec la première classique en peloton, sur la Route des moines de Maredsous. Si certains coureurs en ont en gardé sur la pédale durant le National, plus personne ne pourra se cacher sur un parcours exigeant et dans des conditions qu’on annonce difficiles. Cette fois c’est sur. La saison a débuté, la prise de plaisir aussi. Et ça, ça va se savoir !