Coup de tonnerre dans le peloton Continental. Véritable révélation de la saison, le prodige transalpin met un terme à son contrat avec la Nénu Cycling team. Auprès de la direction vietnamienne, la pilule passe mal et le champion de Wallonie pourrait être contraint de s’aligner sans la bannière de l’équipe au départ de la Magerotte ce weekend.
L’amour dure trois ans
Si les plus belles histoires d’amour s’écrivent dans la durée, il semblerait qu’à la Nénu on ait du mal à conclure. Pour la deuxième saison consécutive, le leader de la formation flirte ouvertement avec la concurrence avant d’entamer une procédure de divorce.
Romain Debortoli rejoindra la formation Velo si bo Temps en 2024, sous la direction du sulfureux Maxime Chevalier. Un destination étonnante car l’équipe, débarquée cette année dans le peloton, n’a pas encore réellement prouvé sa capacité à gagner sur le circuit BCF. Pourtant, l’entourage Debortoli parle d’un projet sportif solide. Avec le recrutement de plusieurs nouveaux coureurs, Vélo si bo Temps aurait l’ambition de devenir une équipe continentale de premier plan après cette première saison d’adaptation.
Côté Nénu, on affirme que rien ne laissait présager une telle déconvenue. Autant l’intéressé que les équipiers se disaient récemment être totalement satisfaits de la collaboration et impatients d’en découdre la saison prochaine, avec de réelles ambitions générales sur le Tour. Mais tout aurait changé suite au coup de fil de Maxime Chevalier. Le frère ainé de Jéremy Chevalier (K7 et ex-Nénu) aurait promis à Debortoli de bâtir une équipe autour de lui et l’arrivée de plusieurs amis proches de l’italien dans l’effectif. Friends with benefits.
C’est à Tony Dallas, responsable de la cellule recrutement Nénu, que Debortoli partage en premier son dilemme lors d’une conversation téléphonique jeudi dernier. Dans un premier temps, Dallas à du mal à suivre ce feuilleton qui ressemble à un mauvais remake d’une série télé romantique. Le leader actuel de la Nénu, qui avait été recruté sur les conseils avisés de l’ex-leader de la Nénu (Jérémy Chevalier), aurait aujourd’hui une affaire avec le frère ainé du dernier cité (Maxime Chevalier). Tout le monde suit ?
Enfin, peu importe. L’information à retenir pour Dallas, c’est que Maxime Chevalier aurait donné à Debortoli un ultimatum de trois jours avant de donner sa réponse. Pour Dallas, le temps presse. Il décide de faire le point avec son leader lors de la reconnaissance du parcours de la Magerotte. Mais malgré toute la crème et les stratagèmes de Dallas, le couperet tombe lundi soir via un message posté sur le chat de la formation. Je suis venu te dire que je m’en vais.
Viens à l’école des Champions
Comme c’était le cas pour Jérémy Chevalier (parti à la K7) la saison précédente, Debortoli sort pourtant d’un exercice plein avec la Nénu. Auréolé du titre de Champion de Wallonie dès ses premiers coups de pédale. Il porte ensuite le maillot à pois à plusieurs reprises.
Tout laissait donc penser que Debortoli avait trouvé à la Nénu une formation à la hauteur de ses ambitions et de son talent. Comme c’était le cas pour Jérémy Chevalier, Borto’ a pu grandir bercé par les conseils et l’expérience de ses coéquipiers. Plusieurs légendes, présentes depuis le Tour de Bonneville 2019, telles que Dallas, Paquot et Braun. Un encadrement jalousé par de nombreux cracks du peloton. Nul doute que c’est, en partie, ce qui a permis à Debortoli de réaliser une très bonne impression dès le premier rendez-vous, lors du National.
Cette réussite, c’était devenu une fierté pour la plus ancienne écurie de la fédération. Le matricule 1 peut se targuer d’être devenu le meilleur centre de formation du peloton.
Vert de rage
Malheureusement pour l’équipe, ce qui ressemblait à un conte de fée ne finit pas en happy ending. Connu pour son franc-parler, Adrien Braun n’a pas tardé à exprimer son mécontentement par média interposé.
« Chevalier et Debortoli nous doivent tout. Quand ils sont arrivés dans le peloton, ils n’étaient rien. Personne ! Nous leur avons tout donné. Notre collectif a fait d’eux des pépites. Pour quel résultat ? »
Adrien Braun
Sprinteur Nénu
À défaut de porter le maillot cette saison, le sprinteur maison est donc vert de rage. Et il n’est pas le seul. Pour Quentin Paquot, qu’on dit très influent dans le vestiaire, le départ du transalpin pourrait bien être la goutte de trop dans une carrière déjà bien remplie. Après s’être mis à plat de nombreuses années, El Tractor n’est pas certain de vouloir continuer suite à cette nouvelle déconvenue. Ce serait une bien triste fin pour une si belle carrière dont les faits marquants resteront un top 10 au Tour 2019, un maillot à points sur la Route des Moines et ce prix de la Combativité obtenu au Tour du Condroz après un nouveau festival de bons et loyaux services offerts à son leader de l’époque … Jérémy Chevalier.
Pointé du doigt en tant que responsable de la cellule recrutement, Dallas doit tirer des leçons : « Je ne travaillerai plus jamais avec ‘la filière Chevalier’. Nous ne sommes pas une ‘équipe tremplin’. Le collectif a besoin d’un retour aux sources. De coureurs sur qui on peut compter dans la durée. » Quand on lui pose la question de savoir quelles seront les ambitions sportives de la Nénu la saison prochaine, Dallas ne se cache pas non plus:
« C’est clair que tout cela change la donne (la Nénu visait le jaune sur le Tour). Mais notre noyau ne s’arrête pas à un leader. D’autres garçons comme Ceurremans, et moi-même bien sur, pourraient se trouver libérés et monter en puissance. Quitte à jouer le top 20 plutôt que le top 3. L’important n’est pas là« .
Tony Dallas
Responsable de la cellule recrutement
Une dernière danse
Le timing de cette affaire surprend également la planète vélo. Pourquoi Debortoli annonce-t-il pareille nouvelle à quelques jours de la dernière classique de la saison ? Un rendez-vous essentiel dans sa quête du maillot à pois et lors duquel il aura bien besoin de tout le soutien de ses coéquipiers.
À l’heure actuelle, personne ne peut prédire la réaction sportive qu’affichera la formation sur les routes de la Magerotte. Certaines sources affirment que la direction Nénu aurait demander à Debortoli de rouler sans la bannière de l’équipe, sous statut de »coureur sans contrat ». Ce qui serait inédit pour un tel champion, mais un scénario qui n’est pas à exclure.
Il est également possible que Debortoli et les hommes forts de l’équipe s’accordent sur une break up ride. Un dernier baroud d’honneur sur les routes d’une vraie classique wallonne pour le champion régional. Avant l’ombre et l’indifférence d’un transfert, c’est en tous les cas le souhait du spectateur neutre. Car après avoir longtemps parcouru les KOM’s et effleuré cent fois ces virages, tout le monde rêve d’une dernière danse entre Borto’ et la Nénu.
Ne me quitte pas
L’affaire Debortoli s’inscrit dans le contexte d’un mercato déjà ultra-tendu au sein des différents pelotons. Si nous parlions récemment de la possible fusion « La Dalle-AIS » dans nos colonnes, les choses bougent également au sein d’autres formations.
Parmi les transferts déjà officialisés, c’est Out of Office qui frappe le plus fort. En début de semaine, l’excellent service communication de l’équipe annonçait l’arrivée en grande pompe des deux leaders de la formation SMIP-Café Bastoche: Colson et Philippe. Ils auront pour mission d’offrir à la néo-formation ses premiers titres de noblesse. Maillot noir actuel du peloton, Philippe Colson a déjà prouvé qu’il était possible de rejaillir le feu d’un ancien volcan qu’on croyait trop vieux. En quittant le Jura avec le Combiné et les Pois sur les épaules, Olivier Philippe ne voit lui pas pourquoi le rouge et le noir ne s’épouseraient-ils pas ? En revanche pour la SMIP, il faut oublier. Tout peut s’oublier !
Parmi les belles pioches du mercato, nous soulignons aussi l’arrivée chez la Dalle de l’ex-leader de la formation Redoutable-DH. Ben ‘Benoot‘ Peeters monte en Pro Tour avec le statut d’électron libre la saison prochaine. À l’instar du coureur Tiesj Benoot, Peeters affiche un profil très endurant et excellent lorsque la route s’élève. Mais il devra soigner son explosivité s’il espère réaliser des résultats face à des adversaires plus coriaces qu’en Continental.
Au rayon non officiel, la rumeur envoyant Carette (DFF) vers la formation EF-Bon Secours est de plus en plus insistante. Les deux formations se gardent de tout commentaire, mais l’opération ne serait plus q’une question de détails. Chez Hooba-Quick Stoemp, l’avenir s’assombrit après les désillusions sportives des deux dernières saison. Si une descente à l’échelon continental pourrait permettre à l’équipe de ré-étoffer son palmarès légendaire, la proposition ne serait pas privilégiée par certains membres éminents de l’équipe. Inquiet pour son futur et très influent au sein du peloton, Oliver ‘Folf‘ Feys aurait déjà multiplié les appels du pieds vers d’autres horizons. Certains observateurs le disent d’ailleurs très proche de … la Nénu Cycling Team. Tiens tiens.